Rando Aventure Malaunay

Le Grand Tour de Butot

Voilà une randonnée qui au fil de ses éditions remporte toujours un grand succès.  Quarante-deux participants ce jeudi 6 mars pour parcourir  les 13 kilomètres sous un soleil printanier bien doux à nos peaux encore pâlichonnes.  Le Grand Tour de Butot, ce sont des paysages variés, des chemins et des petites routes, des plaines et des bois, des manoirs et des châteaux…Tout cela sans chauvinisme aucun de l’animateur local.

(NB : penser à demander un classement à l’UNESCO).

Au centre du village, le parking de la Place Flaubert est à sa limite de capacité. Le temps de rappeler avant de partir que le Flaubert en question n’était pas le fils Gustave mais son père Achille Cléophas, médecin et chirurgien en chef à l’hôtel-Dieu de Rouen. A une époque où l’anesthésie n’existait pas, l’homme avait la réputation de trancher et d’amputer si vite que la patient n’avait pas le temps de crier et de souffrir ! Du moins sur le moment.   Nommé en 1815 et en attendant de pouvoir emménager dans le logement de son prédécesseur, le Docteur Flaubert  s’installa à Butot pour y trouver la tranquillité et surtout un air pur loin des miasmes rouennais. Il repartira deux ans plus tard. Si le bon air était bien là, il semble que les conditions de transport entre sa résidence et son travail à 25km n’étaient pas idéales. Il quitta donc Butot avant même que Gustave ne soit conçu au début de l’année 1821. Tant pis pour l’attrait touristique qu’aurait représenté la maison natale de l’un des plus grands romanciers du 19^e siècle.

Le GR212 suit le tracé du chemin d’Hautieuloin dont le toponyme interroge entre consonance nordique (Hauthautloing sur la carte de Cassini) ou latine (altus occulus) qui correspondrait  assez bien à l’endroit, dégagé et en hauteur. Ce dilemme ne semble pas émouvoir nos randonneurs qui se dirigent d’un bon pas vers l’ancien manoir des Hagues qui constitue un bel exemple d’architecture Henry IV / Louis XIII faite de briques appareillée de pierre. Dommage que la clôture récente en gêne un peu la vision. Les animaux exotiques, paons, grues et lamas qui l’entourent restent bien visibles et audibles (Léon !).

La traversée de la route départementale 53 permet de rejoindre le hameau de Grofy avec ses mares avant d’atteindre «  Le chêne aux Fées », lieu-dit aux origines sans doute très anciennes pour plonger, par un bon chemin de sous-bois, vers la vallée sèche de l’Austreberthe. C’est à la « Queue de renard » que la pose est prise sur des troncs disposés comme pour un banquet gaulois. La proximité du Chêne aux fées, peut-être ? On n’a pas vu les druides mais on a entendu leurs tronçonneuses qui remplacent désormais les serpettes.

Chemin faisant et route grimpante, le château de Gretot se profile sur notre gauche pour quelques photos en arrière-plan.

Ce sont maintenant les limites de la commune voisines de Saint-du-Breuil que nous suivons jusqu’au hameau de Maltot. Le retour vers Butot emprunte une cavée qui constituait sans doute un très ancien chemin de liaison entre les deux villages mais qui est aujourd’hui en très mauvais état malgré son classement en GR 212 !. Des ronces, des branches et surtout de l’eau. Du coup, on passe à côté dans le champ avant de rejoindre le hameau de L’Epinette et sa très ancienne auberge. Une petite histoire, trop longue à conter ici sur l’origine du nom, sur l’arracheur de dents qui officiait à l’auberge, sur la foire à moutons qui se tenait là au retour de la Saint-Romain de Rouen.

Le chemin de Saint Roch ramène de la Rue Verte à la mairie de Butot puis à la place Flaubert en passant devant la jolie petite église et la très belle Croix de grès datée de 1560 et classée. Sans doute s’agit-il d’une croix d’épidémie érigée là pour signaler l’inhumation de pestiférés ou en remerciement pour la fin de l’épidémie. Elle porte différentes sculptures de têtes d’hommes, d’instruments de la passion, de coquilles et fleurs de lys et une inscription : « ceste croix a été faite du trésor de céans». Céans a sans doute la signification de « ces lieux » mais cela n’explique pas le sens de la phrase si n’est que le trésor désigne peut-être une souscription qui aurait permis le financement. Encore un mystère à éclaircir…

Peut-être pour une prochaine rando à Butot ?

Texte : Daniel D. Photos : Jean-Marie, Didier et Daniel