Rando Aventure Malaunay

La vie de château

Vos animatrices et animateurs bien-aimés ont chacun leur spécialité : certains sont condamnés à tracter une caravane dans leur réputation, d’autres vous promettent le beau temps à tout coup même sous la pluie, d’autres encore se dirigent au soleil et se perdent parfois. Evidemment, je ne cafterai personne. La spécialité de l’animateur du jour, c’est la découverte de châteaux qui restent invisibles ; les Miquelots s’en souviennent.

Mais ce jeudi 18 avril, les 38 randonneurs n’ont pas été déçus, il n’y avait pas moins de trois châteaux à admirer au long des 12km parcourus. Et ils étaient bien visibles…

Ici, en plein cœur du Pays de Caux, de majestueuses demeures ont été édifiées sous l’ancien régime (16^e et 17^e siècle). La vie sociale et économique s’articulait autour de ces domaines qui furent plus tard entourés de talus plantés constituant les clos-masures dont le classement est demandé à l’UNESCO. Particularité, ces constructions intègrent le grès, roche grise et très dure qui fut exploitée localement jusqu’au début du 20^e siècle. Parfois, la pierre de grès forme des murs complets dans les manoirs les plus anciens ou simplement le soubassement et le couvrant des murs d’enceinte. Mais le plus souvent il est associé à des briques et des silex, en fait des galets taillés, pour constituer des modénatures et des appareillages à l’esthétique recherchée.  Les trois châteaux prévus au programme Roquefort, Silleron et Iclon en constituent un  témoignage remarquable d’autant qu’ils sont situés sur la même commune d’Angiens, après le rattachement des paroisses voisines.

Après quelques recherches de parking, le rassemblement de la troupe se faisait devant l’église, en elle-même remarquable, avec ses deux vaisseaux et son clocher carré du 12^e siècle. Le clocher ardoisé n’a été ajouté que plus tard (1738). Mais s’est tordu depuis ; c’est devenu un clocher « tors ».

Premier château, premier arrêt : le manoir de Roquefort de style Louis XIII inscrit aux monuments historiques.

En continuant à travers plaine et chemins creux, la pause est prise au pied d’une Croix de chemins (Calvaire de grès) avant d’entrer dans le hameau de Silleron. Le château du même nom constitue la perle d’un domaine exceptionnel avec ses murs d’enceinte, son parc arboré, ses bâtiments annexes et ses deux porches monumentaux. Les façades de briques sont agrémentées de fenêtres étroites soulignées de chainages de grès. L’ensemble est inscrit aux monuments historiques.

Pour mieux voir l’ensemble et faire connaissance de l’âne et du poney, gardiens du lieu, quelques téméraires escaladèrent le saut de loup. Un peu plus loin, le gardien, le vrai, nous attendait, non pas pour trop de curiosité, mais au contraire pour nous faire entrer et profiter d’une visite des jardins et de la chapelle. Un moment très sympathique ; la photo du groupe devant le château donne une idée de ses proportions.   Si le château a été occupé par les allemands pendant la 2^e guerre, il n’a finalement subi que peu de dommages au fil de ses 400 ans d’histoire. Le début de la construction est datée de 1617 ! Il demeure aujourd’hui propriété privée de la famille d’Eudeville.

Sept participants, voyant l’heure avancer, nous quittaient alors pour cause de rendez-vous l’après-midi. C’est sur notre trente et un (38-7) que nous continuions vers le troisième château, celui d’Iclon.

Là-aussi, la construction s’est faite par étapes : l’aile Ouest avec étable, grange et colombier de la première moitié du 17^e siècle, le corps principal du 18^e (1730) et puis des pavillons annexes un peu plus tard. La vocation agricole du domaine demeure avec l’EARL du Château d’Iclon. Nous avons dû rester à l’entrée. Juste à côté, la petite église d’Iclon dont la partie la plus ancienne date du 11^e siècle accueille chaque lundi de pentecôte un pèlerinage dédié à Sainte Clothilde, épouse de Clovis qui l’aurait, dit-on, poussé à se convertir au catholicisme faisant de la France, la fille ainée de l’Eglise.

Le retour vers Angiens se faisait selon l’expression « à travers plaine ». Une dernière curiosité était prévue au programme : la motte castrale au cœur du village. Mais pressés par la faim, il était 12h30, et la dispersion du parking, la vision de la fameuse motte n’eut pas lieu. Dommage, c’est une belle motte, située au cœur d’un castrum qui existait déjà à la fin du 10^e siècle et qui deviendra le village d’Angiens (étymologie controversée) en 1150. Il en subsiste aujourd’hui un tertre ovoïde de 15 mètres de diamètre et 4 mètres de hauteur ceint d’un fossé partiellement comblé. A ne pas manquer si vous repassez par là.

Et comme cela était prévu au programme, quelques afficionados du pique-nique restèrent – je n’en connais pas le nombre- et profitèrent des rayons du soleil malgré un fond de l’air encore frais.

N’oublions que parmi les origines discutées du terme « Caux », on parle de calcaire, mais la plus vraisemblable viendrait des « Calètes », peuple celte belge. Le terme même de calète serait issu du norrois Calt ou Kelt signifiant froid qui serait en relation avec le vent froid pouvant balayer

le plateau cauchois (sic). L’expression familière "ça caille" pourrait y être apparentée.

Tout s’explique…

Texte : Daniel

Photos : Didier, Jean-Marie et Daniel